L'abeille asso

UN PEU D’HISTOIRE

Les célèbres Gorges d’Olduvai, situées dans le nord de la Tanzanie, sont connus par les fossiles qu’on y a retrouvés et qui nous donne des renseignements sur certains des plus anciens ancêtres de l’espèce humaine. Il est dit qu’avant l’arrivée des peuples de l’Ouest et du Nord d’Afrique au Vème siècle avant J-C, la région était habitée par des populations utilisant une langue à cliquetis de la famille linguistique khoïsane

La région côtière est propice au développement économique et très vite les marchands en provenance de la péninsule, du Golfe Persique et d’Inde souhaitent en bénéficier. Poussés par les vents de la mousson, les boutres (navires utilisés alors) arrivaient en décembre et repartaient en avril grâce aux alizés soufflants du sud-est. A l’époque, les relations entre marchands et populations locales ne semblent pas hostiles.

Nous sommes alors au VIIème siècle et la région est majoritairement habitée de Bantous, les locuteurs de langues bantoues occupent alors une région vaste de l’Afrique. Cependant, les marchands se plaisent sur ces terres et décident progressivement de s’y installer. C’est aussi lié aux tensions qui naissent à la succession de Mahomet dans le monde musulman qui amène certaines personnes à l’exil. La plupart débarque alors à Zenji Bar, d’où l’origine probable du nom Zanzibar. On voit donc partout sur la côte l’apparition de cités-Etats commerçantes comme Lamu, Pemba, Pate, Mombasa… Jusqu’au XIIIème siècle, les populations se mélangent et on voit apparaitre la naissance de la culture swahilie (origine sawahil en arabe qui signifie frontière ou côte). Du XIème au XV siècle, bien que chacun y trouve son compte grâce aux différentes richesses de la région (or, ivoire…), la ville de Kilwa fondée par les Perses est la plus prospère.

Cependant en 1498, le portugais Vasco de Gama longe les terres d’Afrique de l’Est et contemple les richesses. L’hostilité des peuples sur place l’amène à revenir avec une flotte en 1502 et il s’empare de la côte et détruit complètement Kilwa. Très vite, les Portugais ont du mal à assumer militairement et politiquement la zone dans laquelle ils sont installés. En 1587, ils subissent un massacre sur l’île de Pemba. Au XVIIème, les Swahilis soutenus par le sultanat d’Oman poursuivent leurs conquêtes et malgré une résistance des Portugais, ils se verront repoussés et contraint de se réfugier plus au sud au Mozambique.

Les Swahilis vainqueurs, ils ne leur aient pas simple d’accepter l’occupation par une personne habitant à plus de 3000km. Malgré plusieurs tentatives de résistance, les Arabes du Sultanat restent et mettent en place un commerce d’esclaves qui alimentera la région. Au début du XIXème siècle, Sayyid Saïd passe à la tête du Sultanat d’Oman et décide de renforcer son contrôle sur les territoires extérieurs alors que la famille Mazrui prend de l’ampleur sur les villes de Mombasa, Lamu et Pate. Comme la famille Mazrui résiste, il décide de déplacer la capitale de Mascate à Zanzibar et très vite il y développe l’activité (la traite d’esclaves et l’export de marchandises). En 1840, le Sultanat d’Oman contrôle la côte de la Somalie au nord du Mozambique cependant très vite les puissances européennes décident de s’investir dans les terres pour diverses raisons : recherche de l’origine du Nil, d’exotisme, évangélisation. En 1856 Sayyid Saïd meurt et bien que la conférence de Berlin établisse le nouveau sultan d’Oman comme chef de Zanzibar et de la bande côtière, l’Allemagne récupère le centre du pays, le Rwanda et le Burundi qui forme l’Ostrafrika. Petit à petit, ils prendront de l’influence dans la région jusqu’à contrôler complètement la zone. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne vaincue se voit forcé de laisser ses terres à l’empire Britannique qui se voit confier le Tanganyika. Ils resteront sur place jusqu’en 1964 avant que le pays ne trouve l’indépendance. Plus tard, la contraction du Tanganyika et de Zanzibar amènera au nom que l’on connaît à ce pays : la Tanzanie.

En 1964, Julius Nyerere devient président et décide de s’inspirer des politiques de développement chinoises communistes pour développer son pays. A l’époque, le pays ne produit que 120 diplômés par an et ils décident de faire de l’éducation la priorité numéro un. Il développe un régime socialiste basé sur l’agriculture comme moteur de développement pour le pays avec les Ujamaas, communauté villageoise qui sont organisées sur des principes collectivistes. Se fermant progressivement aux pays occidentaux, la Tanzanie se rapproche beaucoup de la Chine qui est aussi en voie de développement et l’aide financièrement. Calquant le modèle chinois, le pays crée des villages collectifs regroupant des ethnies différentes afin de les mélanger, on estime que 9 millions de personnes ont ainsi été déplacées entre 1973 et 1976.

Par ailleurs, la relation avec les pays voisins se détériorent au fil des années malgré la création en 1967 de la communauté d’Afrique de l’Est avec l’Ouganda et le Kenya. Cependant, le Kenya proche des pays occidentaux s’éloigne de la politique socialiste tanzanienne supportée par la Chine, les pays se fermeront les frontières de 1977 à 1983 malgré le partage de la langue : le swahili. L’Ouganda mené par Amin Dada, cherche à s’étendre et reproche à la Tanzanie d’accueillir ses réfugiés politiques, en 1978, la guerre éclate. La Tanzanie, aidée par la Chine triomphe après plusieurs mois de batailles et des pertes humaines importantes, elle occupera l’Ouganda pendant deux ans. La guerre a couté chère et le pays ne s’en relève pas, petit à petit, le FMI et la Banque Mondiale viennent en secours et la politique change.

Julius Nyerere se retire en 1985, il sera beaucoup apprécié même après sa mort en 1999. Ali Hassan Mwinyi lui succède, il était alors président de l’archipel de Zanzibar. Il instaure le multipartisme et en 1995, Benjamin William Mkapa, un des disciples de Nyerere, accède au pouvoir. Des problèmes l’empêche de redresser le pays et bien que des mouvements contestataires s’élèvent à Zanzibar, l’union tanzanienne se maintient. En 2005, la Tanzanie connait son nouveau président Jakaya Kikwete. Depuis 2015, John Magufuli est le nouveau président tanzanien. Il mène une politique de réduction des dépenses et de lutte contre la corruption. A titre d’exemple, il se l’applique et son salaire passe de 15000€ à 4000€. Cependant, un tournant autoritaire a été pris et le président régule l’information : 6 chaines de télévision, 21 radios et plusieurs journaux sont fermées pour « appel à la haine ». Certains citoyens sont arrêtés et jugés pour ‘insulte au président » grâce à une loi anti-cybercriminalité. Des membres du parti de l’opposition sont arrêtés et inculpés le 26 mars 2018 pour « appel à la haine » lors d’une manifestation. Le président porte un parcours contrasté dans l’esprit des citoyens, seul l’avenir nous contera la suite de cette histoire.